Fini le temps où l'image du journaliste de la presse écrite était celle d'un professionnel respecté, garant de la bonne information du public, sentinelle de notre droit de savoir, persuadé du bien-fondé de sa mission. Le journaliste était précurseur, l'un des premiers professionnels plongés dans un monde local au coeur de la mondialisation. Bon vivant. Homme de bonne foi. Au coeur de tous les conflits. Le journaliste racontait le réel et réussissait à imposer, aux élus, aux entreprises, aux sachants, l'exigence de transparence. C'était hier, au siècle dernier. Il existe de plus en plus d'endroits où désormais il ne fait pas bon arborer sa carte de presse (et pas seulement dans les quartiers dits "chauds"). La crise de la presse provient aussi de la crise de représentation du métier. L'image du journaliste n'est plus ce qu'elle était. On voit bien dans les analyses ressurgir le problème de distribution (l'éternel conflit des ouvriers du livre), ou la défiance des lecteurs. Mais pas grand chose en revanche sur le coût d'un journal (alors que les temps sont à l'économie et que les infos sont disponibles sur le site web de ces mêmes journaux). Rien sur les patrons de presse devenus patrons tout court. Rien sur les marques, la pub et leurs relations avec les rédactions. La crise de la presse fait mal au ventre de notre démocratie. Une mutation est en cours, bientôt, nous serons tous journalistes.