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A quelques semaines de ma première intervention devant les étudiants en masters de com' de
l'IEP de Lille, je prépare mon cartable : pendant mon cours, je leur présenterai le
management de la communication de projet. Outre la fibre du métier, mon message s'attachera à donner des repères professionnels à des jeunes qui aurait pu choisir un master plus classique, les menant tout droit aux responsabilités politiques dans un Cabinet ou dans une entreprise. J'ai deux ou trois exos intéressants à leur faire faire, dans le cadre d'une étude de cas où ils devront se mettre "dans la peau d'un responsable de communication" face à des situations difficiles (il faudra être CREATIFS mais je ne peux pas en dire beaucoup plus car je sais que certains d'entre eux, que je salue, passent sur le Siècle pour suivre mes pérégrinations). Mes préparatifs me font penser au débutant que j'étais à ma sortie de l'Ecole de com' : j'avais découvert le métier que je voulais faire. Nous étions alors, au siècle dernier, en 1991. Période troublée et de première guerre du Golfe : une crise grâve touche le monde de la publicité avec beaucoup, beaucoup de charrettes et des professionnels laissés sur le bord du chemin pour cause de "contractions budgétaires". C'est le moment où les grandes agences fusionnent entre-elles. La suite de ma carrière n'est pas plus apaisée : les années
Balladur marquent la fin d'une époque, qui ne veut cependant pas mourrir et qui, bon gré, mal gré, va perdurer jusqu'à aujourd'hui. Le taux de chomage avant 1997 atteint quelques sommets (12 ou 13 %). Ceux et celles qui ont réussi leur entrée sur le marché du travail se disent que non seulement ils vont connaitre des périodes d'inactivité mais que ces périodes sont à inscrire au sein de tout cursus, qui se voudra de plus en plus chaotique. Durant une cohabitation, de 1997 à 2000, la France connait une époque bénie : le chômage baisse, l'activité reprend et on se met à rêver à une nouvelle économie. Plus dynamique. Avec moins de carcans et de cravates. Plus ingénieuse et ouverte aux talents, aussi. Un rêve qui ne dure pas. An 2000 : il n'y a certes pas de grand BUG informatique mais la bulle Internet explose, nos Businness angels meurent et à nouveau, des contractions budgétaires reprennent. Paris Match contredit son slogan et fait sa Une sur
des chaussettes trouées (!). La vieille économie va reprendre ses droits. A chaque fois, à chaque crise, l'un des premiers budgets impactés, l'un des premiers postes à disparaître, les premiers renoncements se font dans la communication (la pub étant la partie émergée du métier de l'annonceur, on peut mesurer l'ampleur des crises à la baisse de l'achat d'espace). Pour un poste de chargé de communication, il n'est pas rare alors d'avoir 500 candidats (des DIRCOMS en pré-retraite aux designers à la recherche d'un second souffle en passant par des journalistes ; alors que le poste s'adresse à un débutant). Les années qui précedent l'actuelle crise financière et bancaire sont les années du questionnement énergétique : comment va-t-on faire, échanger, produire, avec un pétrole amené à disparaître ? Pendant que les experts recherchent des solutions, des pays que l'on croyait endormis, inondent les marchés mondiaux de nouveaux produits et ici, des industries disparaissent. Ce sont des années où la communication des entreprises a joué sur le concept de citoyenneté. Mais ont-elles vraiment pris part au débat sociétal (qui est local et planétaire, rationnel et passionné, économique et environnemental) ? Chacun est resté -un ptit peu- planté sur ses positions. Ce que j'ai envie de dire à mes étudiants de la promo 2009, c'est que nous sommes tous les enfants de la crise et qu'en ces temps médiatiques agités, de nouvelles épreuves sont à réussir. En France, la majorité des entreprises n'en sont qu'au début. Si elles veulent participer à cette aventure, c'est une révolution des pratiques qui les attend, pas seulement un défi d'adaptation.
Post publié la première fois le 30 octobre 2008